DavidBrĂ©court fait sensation. Il ne sort pas indemne, nous non plus, de cette merveilleuse piĂšce Ă  l’édifiante universalitĂ©. En ce temps lĂ , l’amour. Une piĂšce de Gilles SEGAL. Mise en scĂšne par Etnous avons fini par monter ce spectacle qui rend hommage Ă  ceux qui transmettent, et qui rĂ©habiliterait l’Amour comme un sens inscrit dans l’ADN de l’humanitĂ©, considĂ©rant l’amour et la culture comme impossibles Ă  juger, enfermer ou possĂ©der. Ils agissent comme des petits cachets qui font des bulles dans l’eau de la vie et qui soulagent des tracas Mais mĂȘme si toutes ces questions demeurent, ce dont je suis sĂ»r, c’est d’avoir assistĂ© Ă  un spectacle extrĂȘmement ambitieux sur le couple et sur l’amour ce genre de sujet qui nourrit tous les modes d’expression artistique depuis la nuit des temps et, « en partie cul liĂ© « , la chanson. Mais, aussi parce que, en cette journĂ©e internationale du baiser, le charme opĂ©ra. Ence temps-lĂ  l'amour de Gilles Segal - Collection Théùtre Ă  vif - Livraison gratuite Ă  0,01€ dĂšs 35€ d'achat - Librairie Decitre votre prochain livre est lĂ  Apparemment, javascript est dĂ©sactivĂ© sur votre navigateur. Miseen scĂšne : Pamela Ravassard. Artistes-interprĂštes : Vanessa Cailhol, Florian Choquart, Garlan Le Martelot, Lola Roskis-Gingembre et Vincent Viotti. PrĂ©sentation : À la suite d’un accident familial, Icare, alias Courgette, se retrouve dans un « foyer pour enfants Ă©corchĂ©s », oĂč il rencontre Simon, Ahmed, et la mystĂ©rieuse Camille. Vay Tiền Nhanh Chỉ Cáș§n Cmnd. C’est quoi ĂȘtre normal ? Fabio Marra pose la question dans sa nouvelle piĂšce, Ensemble » dans laquelle il offre un beau rĂŽle de femme Ă  Catherine Arditi. Celle d’une mĂšre qui vit une relation fusionnelle avec son fils dont le handicap, qui a pris toute la place, cache aussi un secret. Une Ă©criture vivante et simple, une Ă©motion tout en retenue, d'excellents interprĂštes. Une vraie rĂ©ussite. Le Off est lancĂ© avec cette annĂ©e encore un choix plĂ©thorique plus de 1300 spectacles qui donne le vertige et nous confronte Ă  cette terrifiante question "Que choisir ?". Alors, sachez que sans vous tromper, vous pouvez dĂ©jĂ  vous rendre au théùtre de La Luna. C'est lĂ  que se joue "Ensemble", une piĂšce signĂ©e Fabia Marra, un Napolitain d'Ă  peine trente ans mais sur qui il faut dĂ©sormais compter tant son Ă©criture fait mouche. Dans cette piĂšce dont il est Ă  la fois l’auteur, le metteur en scĂšne et dans laquelle il joue aussi, Fabio Marra nous raconte la vie d’Isabella, Catherine Arditi une femme qui vit seule avec son fils Mikele Fabio Marra. Avec ce jeune homme simple d’esprit, elle mĂšne une existence modeste, rythmĂ©e par quelques rituels aller faire les courses, faire des mots croisĂ©s, plier le linge. Un lien trĂšs fort les unit, malgrĂ© les remontrances d’Isabella pour son fils, qui sont celles d’une mĂšre poule, couvant son enfant plus que de raison. Leur vie bien rĂ©glĂ©e va ĂȘtre bousculĂ©e par l’arrivĂ©e de Sandra Sonia Palau, fille d’Isabella et soeur cadette de Mikele. La jeune femme rend visite Ă  sa mĂšre aprĂšs plusieurs annĂ©es d’absence sans avoir donner de nouvelles. Les retrouvailles sont difficiles. Il y a entre elles comme un Ă©norme sac oĂč se mĂȘlent l’incomprĂ©hension, la tendresse, la colĂšre, le ressentiment, l’amour et les non-dits. Il y a surtout Mikele. Ce fils occupe toute la vie d’Isabella, laissant Ă  Sandra l'impression de ne pas compter pour sa mĂšre. Quand elle vient annoncer son prochain mariage, son amertume envers ce frĂšre Ă©clate enfin. La force de la piĂšce rĂ©side d'abord dans l'Ă©criture de Fabio Marra, simple, sans fioritures apparentes. Mais elle raconte la complexitĂ© des rapports humains et familiaux avec un mĂ©lange de force et de pudeur. C'est d'ailleurs ce qui a sĂ©duit Catherine Arditi. C'est sa soeur Rachel qui lui a fait dĂ©couvrir ce texte et ce rĂŽle d'Isabella qui semblait taillĂ© pour elle. Tout dans cette piĂšce est profondemment humain. Bien sĂ»r, il y a ce thĂšme du handicap et de la normalitĂ©, abordĂ©s ici sans pathos ni dramatisation excessive. Mais ce sont avant tout les rapports humains et leur complexitĂ© qui sont au coeur de cette histoire. Comme dans la vie, les personnages ne sont ni tout blanc ni tout noir et les idĂ©es reçues que le spectateur avait au tout dĂ©but s'effritent peu Ă  peu devant la part d'ombre et de lumiĂšre que dĂ©voilent les protagonistes. La famillile qu'il a imaginĂ© ressemble Ă  celle que nous connaissons tous, avec ses querelles, ses joies, ses secrets et ses rancoeurs. Une matiĂšre formidable pour un auteur. La rĂ©ussite de cette piĂšce une Ă©criture juste on l’a dit mais aussi des interprĂštes au diapason de cette qualitĂ©. Catherine Arditi incarne une mĂšre dĂ©vouĂ©e Ă  son fils. Avec beaucoup de justesse et de nuances, elle montre toute les facettes de cette femme dont on admire le courage et l’énergie mais qui se rĂ©vĂšle aussi manipulatrice, entĂȘtĂ©e, autoritaire. Face Ă  elle, Sonia Palau incarne avec belle force et Ă©normĂ©ment de prĂ©sence une fille en colĂšre, qui aime sa mĂšre autant qu’elle la dĂ©teste. Une mĂšre Ă  qui elle s'est jurĂ©e de ne pas ressembler mais dont elle est le double. Quant Ă  Fabio Marra, il est un Mikele simple d’esprit mais gĂ©nĂ©reux, sensible et au final lumineux. En marge de ce trio familial, il faut aussi saluer la prĂ©sence de Floriane Vincent. Elle apparaĂźt Ă  deux reprises dans le spectacle mais on la remarque, notamment dans l'un des tableaux les plus drĂŽles de la piĂšce, celui d'un entretien d'embauche menĂ©e par Sandra, responsable des ressources humaines chez un opĂ©rateur de tĂ©lĂ©phonie. Dans le rĂŽle de la candidate, Floriane est impeccable de fraicheur, Ă  la fois naĂŻve, percutante et attendrissante. A l'image finalement de cette piĂšce qui devrait ĂȘtre l'un des succĂšs du Off Avignon 2015."Ensemble" De Fabio Marra - Cie Carrozzone Teatro Avec Catherine Arditi, Sonia Palau, Floriane Vincent et Fabio Marra Mise en scĂšne Fabio Marra Au théùtre La Luna Ă  19h35 Jusqu'au 26 juillet sans interruption DurĂ©e 1h18 De Fabio Marra Carrozzone Teatro Avec Catherine Arditi, Sonia Palau, Floriane Vincent et Fabio Marra Mise en scĂšne Fabio Marra EXCLUSIVITÉ ! “LES BEFORE AVIGNON AU THÉÂTRE DE LA CONTRESCARPE” DÉCOUVREZ EN EXCLUSIVITÉ ET EN AVANT-PREMIÈRE LA CRÉATION 2019 DE “EN CE TEMPS-LÀ L’AMOUR” QUI SERA PRÉSENTÉE POUR LA PREMIÈRE FOIS AU FESTIVAL OFF D’AVIGNON EN JUILLET ! 2 DATES EXCEPTIONNELLES DE “EN CE TEMPS-LÀ L’AMOUR” mardi 28 et mercredi 29 mai Ă  19h30. EXTRAITS Dans le wagon, c’était un vacarme infernal. Les gens gueulaient, passant de l’affolement Ă  l’abattement, de l’abattement Ă  la rĂ©volte, puis au dĂ©sespoir. [
 ] Et tout Ă  coup, au milieu de ce merdier, j’entends tout prĂšs de moi, une voix
 je veux dire une voix normale ! Normale dans cette folie
 c’est fou, non ? C’était un homme qui Ă©tait lĂ , dans un coin, avec son fils
 douze ans, le fils
 dans un coin, avec son fils, et je l’entends lui dire
 je l’entends lui dire, le plus simplement du monde Est-ce que tu as fait tes devoirs pour demain, mon fils ? » En ce temps-lĂ , l’amour Ă©tait de chasser ses enfants. Moi, j’avais pu Ă©viter Ă  ta sƓur et Ă  toi d’ĂȘtre dans ce train qui nous menait vers
 bon, tu sais. Le petit, c’est-Ă -dire toi, j’avais rĂ©ussi Ă  le
 Mais ça aussi, en gros tu es au courant. Et puis ce n’est pas mon histoire Ă  moi que je veux te raconter. Elle n’a malheureusement pas grand-chose d’original. Pour l’époque je veux dire. » Il ne termina pas sa phrase. L’enfant s’endormait dĂ©jĂ  et murmurait dans son demi-sommeil Maman
 mam
 ». Alors l’homme lui demande Sais-tu pourquoi le roi et la reine d’Angleterre n’ont pas le droit de voyager ensemble ? Non ? C’est pourtant simple. Pour Ă©viter le risque qu’ils disparaissent tous les deux dans un mĂȘme accident ! » Et il se met Ă  rire, Ă  rire, je le jure ! C’est en riant qu’il dit C’est comme ta mĂšre et moi, nous ne voyageons pas dans le mĂȘme train ! » L’homme Ă©tait livide. Ses yeux brillaient de fiĂšvre. Et il riait ! Fou ! Oui, il Ă©tait fou ! Note d’intention du metteur en scĂšne J’ai rencontrĂ© Gilles Segal en 2010 pour un court-mĂ©trage que je rĂ©alisais et dans lequel il interprĂ©tait le personnage principal. À cette occasion, j’ai dĂ©couvert un homme sensible, doux, secret, intelligent et trĂšs Ă  l’écoute du tout jeune cinĂ©aste que j’étais. Quelques annĂ©es plus tard, j’ai assistĂ© Ă  une reprĂ©sentation de sa piĂšce En ce temps-lĂ , l’amour
 qu’il jouait lui-mĂȘme. Au théùtre, c’est le plus grand choc que j’ai eu en tant que spectateur. La poĂ©sie incroyable et l’humour qui se dĂ©gagent de cette piĂšce, malgrĂ© la lourdeur du sujet, offrent Ă  ce texte une force et une Ă©motion intense. J’ai rĂ©cemment dĂ©couvert David BrĂ©court dans Kamikazes de StĂ©phane GuĂ©rin et en le voyant jouer, j’ai repensĂ© Ă  ce texte de Gilles Segal. David a cette force tranquille, un regard perçant et surtout ce type de jeu organique que j’imagine pour interprĂ©ter Z, le personnage de la piĂšce qui enregistre ce souvenir ». MĂȘme si on ne parlera jamais assez de la Shoah, on ne compte plus les films, les romans et les piĂšces de théùtre sur ce sujet. J’ai toujours Ă©tĂ© passionnĂ© » par cette pĂ©riode, et tourne dans ma tĂȘte cette question sans rĂ©ponse oĂč s’arrĂȘtait l’horreur, au point de concevoir l’extermination des Juifs de maniĂšre industrielle » ? MalgrĂ© la charge autobiographique de sa piĂšce, Gilles a rĂ©ussi l’immense pari de traiter de ce sujet en nous intriguant, en nous immergeant dans un conte et mĂȘme en nous faisant rire. Pas une seule fois il y a trace de pathos dans le texte, ou d’élĂ©ments larmoyants. Seul sur scĂšne le personnage, marquĂ© par l’arrivĂ©e au monde de son petit-fils, sent le besoin de tĂ©moigner, la nĂ©cessitĂ© de transmettre. De maniĂšre indirecte, il se livre par l’intermĂ©diaire d’un Revox Ă  bandes. Au lieu d’assister Ă  l’action dans le train, nous sommes immergĂ©s avec cet homme dans son enregistrement. Nous vivions ses fĂȘlures, ses difficultĂ©s Ă  parler, son besoin de livrer un texte Ă  son fils, sans fausse note. J’ai fait le choix d’ancrer la piĂšce dans les annĂ©es 60. Je ne souhaite pas proposer un seul en scĂšne dĂ©nuĂ© de scĂ©nographie. L’auteur, dans les didascalies du dĂ©but, propose diffĂ©rents lieux possibles. Parmi eux, j’ai choisi l’atelier d’horlogerie de Z pour le rapport au temps. La trame ce pĂšre qui veut donner Ă  son fils la possibilitĂ© de vivre toute une vie d’homme le temps du trajet du train est marquĂ©e par ce temps qui passe, ce temps imposĂ©, ce temps dont le fils sera dĂ©possĂ©dĂ©. J’ai donc la volontĂ© de travailler ce rapport au temps, le rapport de ce personnage, qui a fait le choix de vivre au milieu d’horloges, de cadrans, d’aiguilles, de chiffres, de tic-tacs. La piĂšce est sĂ©quencĂ©e en 7 chapitres pour les 7 jours du trajet du train. Sept jours comme la crĂ©ation du monde, un monde que ce pĂšre refuse de voir s’effondrer. Pour donner aux spectateurs des moments de respirations, des musiques marqueront ces 7 pĂ©riodes. AprĂšs une saison tronquĂ©e et chamboulĂ©e par la covid, le festival biarrot le Temps d’aimer la Danse revient plus fort et plus Ă©clectique que jamais. Sous l’impulsion de Thierry Malandain, directeur artistique de l’évĂ©nement, l’édition 2021 fait la part belle Ă  la scĂšne française tout en conjuguant dans sa programmation, danse mĂ©diĂ©vale, tribale, hip-hop et nĂ©oclassique un brin dĂ©calĂ©. C’est l’étĂ© indien Ă  Biarritz. Un vent chaud souffle dans les rues touristiques de la citĂ© balnĂ©aire. Il suffit de jeter un Ɠil sur les plages bondĂ©es du centre-ville, pour se convaincre que l’automne n’est pas encore totalement lĂ . Pas le temps de farnienter face Ă  l’ocĂ©an, Le Temps d’aimer la danse propose aux festivaliers, aux locaux, aux badauds de multiples activitĂ©s gratuites pour se familiariser avec la discipline ou tout simplement dĂ©couvrir les coulisses d’une crĂ©ation en assistant Ă  des rĂ©pĂ©titions. Pour les curieux, la compagnie Christine Grimaldi invite Ă  un voyage Ă  travers le temps, Crypte EugĂ©nie. Puisant dans les danses d’antan, une matiĂšre chorĂ©graphique entre folklore et tradition, l’artiste entremĂȘle passĂ© et prĂ©sent. Autoportrait d’Hamid Ben Mahi Un peu plus tard, en fin de journĂ©e, Au ColysĂ©e, Hamid Ben Mahi revient vingt ans aprĂšs sur les pas du premier solo produit par sa compagnie Hors-SĂ©rie. On est en 2001, les tours du World Trade Center viennent de s’effondrer, dans un studio de rĂ©pĂ©tition, le jeune chorĂ©graphe travaille, en collaboration avec Michel Schweizer, Ă  l’écriture d’un spectacle construit autour d’anecdotes vĂ©cues, de son parcours de danseur. Reprenant le mĂȘme concept, il tisse deux dĂ©cennies plus tard, une autre histoire, marquĂ©e par des annĂ©es de pratiques et d’expĂ©riences, mais dont les ressorts sous-jacents semblent de la mĂȘme veine. Questionnant le monde qui l’entoure, sa place mĂȘme dans le monde de la danse d’aujourd’hui, le regard de ses proches, de sa mĂšre, de ses fils sur son travail, il esquisse un curriculum vitae, un rĂ©cit singulier parfois maladroit, mais toujours sincĂšre et lucide, qui prend vie magnifiquement quand il se met Ă  danser. Le geste prĂ©cis, le mouvement fluide, il attrape, saisit, illumine la scĂšne par sa grĂące fĂ©line, sa prĂ©sence irradiante. Il suffit de peu, un resserrement par -ci, une coupe par-lĂ , pour que Chronics 2 touche juste et nous rappelle la duretĂ© de ce mĂ©tier, sa difficultĂ©, que la crise sanitaire n’a rien arrangĂ©e. La jeune garde fait son show Au Casino, la compagnie Dantzaz, structure associĂ©e au Malandain Ballet Biarritz qui Ɠuvre Ă  la professionnalisation des jeunes danseurs, proposent un programme de trois piĂšces, deux Ă©crites en 2019 par Martin Harriague, artiste en rĂ©sidence de l’institution Biarrote, et une du rĂ©pertoire, créée en 1996 par Thierry Malandain sur une musique originale de Georges Antheil. La soirĂ©e fait la part belle Ă  l’écriture trĂšs ciselĂ©e, trĂšs exigeante des deux chorĂ©graphes. Duo, piĂšces de groupe, Fossile, Ballet mĂ©canique ou Walls semblent s’inspirer de l’air du temps, d’une ambiance, celui des amours contrariĂ©es, de la mĂ©lancolie d’un monde en perdition, d’une forme de taylorisation des comportements humains, de la peur de l’autre, des barricades que l’on construit pour s’isoler, se refermer sur soi. La danse macabre de Martin Harriague S’appuyant sur des airs de Franz Schubert, le jeune prodigue, nĂ© Ă  Bayonne en 1986, invite Ă  une rĂȘverie Ă©colo-fantasmagorique, Ă  un pas de deux entre la vie et la mort. Créé au Korzo Den Haag, en septembre 2019, Fossile est une piĂšce en clair-obscur, en impression de noir. Sur scĂšne, une silhouette ciselĂ©e d’ombres, de lumiĂšres, fait face Ă  un immense monolithe recouvert de plastique, rappelant celui emblĂ©matique de 2001, OdyssĂ©e de l’espace de Stanley Kubrick. Que peut donc cacher cet Ă©trange objet, une humanitĂ© en perdition, les restes d’une planĂšte que l’homme a abĂźmĂ©, souillĂ© ? Tout est possible, Ă  chacun de laisser libre cours Ă  son imagination. Une question toutefois fait jour. Est-il possible de rĂ©animer ce qui n’est plus ? L’amour est-il vraiment plus fort que tout ? L’accord parfait entre Pauline Bonnat et Julen Rodriguez Flores donne une rĂ©ponse Ă©tonnante, celle d’un possible Éden retrouvĂ©. De sa plume inventive, poĂ©tique, Martin Harriague signe une Ɠuvre trĂšs imagĂ©e, profondĂ©ment esthĂ©tique qui invite Ă  un rĂȘve Ă©veillĂ©, sĂ©pulcral de toute beautĂ©. Danse Ă  la barre AprĂšs un petit entracte, retour au classique, la troupe du Dantzaz reprend une piĂšce emblĂ©matique du rĂ©pertoire Malandain, le Ballet MĂ©canique. SacrĂ© challenge pour cette jeune garde venue de Saint SĂ©bastien, de l’autre cĂŽtĂ© de la Bidassoa, qui ne choisit dĂ©finitivement pas la simplicitĂ©. TrĂšs technique, trĂšs millimĂ©trĂ©e, l’écriture de Thierry Malandain demande une virtuositĂ©, une prĂ©cision de tous les instants. Malheureusement, et ce malgrĂ© un trĂšs bel engagement des huit jeunes danseurs, le combat intĂ©rieur de chacun des interprĂštes avec le temps, l’époque, la standardisation du monde, dans le ring formĂ© par les barres de danse, manque quelque peu de corps pour totalement fasciner. Reste toutefois, l’ambiance surrĂ©aliste de l’Ɠuvre originelle, ce lyrisme mĂ©lancolique, cette inquiĂ©tude sur la marche de nos sociĂ©tĂ©s de moins en moins humaines, de plus en plus solitaires. Trump bashing Fourmillant d’idĂ©es, se nourrissant de l’actualitĂ© brĂ»lante quitte Ă  dater ses crĂ©ations, Martin Harriague invite dans ce dernier opus Ă  une rĂ©flexion sur le nationalisme Ă  tout crin, sur la peur de l’autre, sentiment qui gagne comme la gangrĂšne les bastions de la civilisation occidentale. Partout, on se barricade. À l’instar de Trump et de son fameux mur entre les États-Unis et le Mexique censĂ© freiner l’immigration, nombreux pays ferment leurs frontiĂšres. Se moquant ouvertement de l’ancien prĂ©sident amĂ©ricain, le jeune chorĂ©graphe brode une histoire des murs Ă  travers le monde, de la chute de celui de Berlin, Ă  celui qui sĂ©pare la Palestine Ă  l’IsraĂ«l. S’inspirant des danses de chacune des contrĂ©es traversĂ©es, il imagine une sorte de ballet kalĂ©idoscopique oĂč s’entremĂȘlent danse burlesque, farcesque et pas de deux doux, ouatĂ©. Un peu bavard, les traits trop appuyĂ©s dans la caricature trumpiste attĂ©nuent la portĂ©e de cette Ɠuvre chorale qui dĂ©ploie en filigrane le talent fĂ©cond d’Harriague. La messe noire de Robbe Le lendemain, en fin de journĂ©e, Ă  la Gare du Midi siĂšge du Malandain Ballet Biarritz, HervĂ© Robbe prĂ©sente Sollicitudes, sa derniĂšre crĂ©ation. Dans une ambiance sombre, le chorĂ©graphe imagine, avec la complicitĂ© du compositeur JĂ©rĂŽme Combier, une sorte de grand-messe, oĂč prĂȘtes et prĂȘtresses vĂȘtus d’étranges tenues noires, conçues par la dĂ©signeuse, Jeanne Vicerial, offrent une danse sacrĂ©e Ă  un dieu, une dĂ©esse, un totem, placĂ©s en fond de scĂšne. SĂšche, rigide, anguleuse, la piĂšce laisse le spectateur Ă  distance sans jamais l’attraper. Un autre cadre, un autre espace plus adĂ©quat pourrait peut-ĂȘtre y insuffler la vie. Le sĂ©jour biarrot s’achĂšve, l’eau fraĂźche de l’ocĂ©an n’est bientĂŽt plus qu’un souvenir. Le Temps d’aimer, rendez-vous immanquable de la rentrĂ©e chorĂ©graphique, fait son Ɠuvre, invite Ă  la dĂ©couverte, aux songes. VĂ©ritable moment suspendu en ce dĂ©but de saison particuliĂšrement plĂ©thorique, l’évĂ©nement est, comme chaque annĂ©e, une bulle d’oxygĂšne, une balade qui permet de prendre le pouls de la crĂ©ation. Olivier FrĂ©gaville-Gratian d’Amore – EnvoyĂ© spĂ©cial Ă  Biarritz Le temps d’aimer la Danse Biarritzdu 10 au 19 septembre 2021 À la plaisance de la Compagnie Christine GrimaldiDurĂ©e 1h environ Chronics2 de et avec Hamid Ben MahiCie Hors-SĂ©rieDurĂ©e 1h environtournĂ©e Le 20 novembre 2021 a Théùtre Louis Aragon, Tremblaye en FranceLes 23 et 24 novembre 2021 aux ScĂšne nationale CarrĂ©-Colonnes, BlanquefortLes 3 et 4 mars 2021 Ă  la Passerelle, GapLe 6 mars 2021 au Théùtre de l’Avant-scĂšne, CognacLe 29 avril 2021 au Centre culturel Robert Desnos, scĂšne Nationale de L’Essonne, Ris-Orangis Ballet MĂ©canique de Malandain et Walls & Fossile de Martin HarriagueCie DantzazDurĂ©e 1H45 avec entractes Sollicitudes d’HervĂ© Robbe & JĂ©rĂŽme CombierL’ensemble CairnDurĂ©e 1h00 CrĂ©dit photos © Caroline d’Otero, © Pierre Planchenault, © StĂ©phane Bellocq Nous vous invitons Ă  vĂ©rifier l'utilisation des caractĂšres majuscules et minuscules ainsi que l'orthographe des mots utilisĂ©s, surtout dans le cas oĂč vous avez saisi directement l'adresse de la page dans la barre d'adresse de votre navigateur. Afin de continuer votre navigation, nous vous conseillons de consulter les diffĂ©rentes rubriques Ă  partir de la page d'accueil du site ou du plan du site ; d'effectuer une recherche sur le site via le formulaire de recherche. Filtrer la recherche Rechercher MENDÈS, Catulle 1841-1909 D'une Dame d'Avignon laquelle par son mari qui Ă©tait sourd fut tenue pour innocente encore que coupable et plus tard pour coupable encore qu'innocente. 1893. Saisie du texte et relecture O. Bogros pour la collection Ă©lectronique de la MĂ©diathĂšque AndrĂ© Malraux de Lisieux Adresse MĂ©diathĂšque AndrĂ© Malraux, 27216, 14107 Lisieux cedex -TĂ©l. Fax MĂ©l mediatheque [Olivier Bogros] Diffusion libre et gratuite freeware Texte Ă©tabli sur un exemplaire coll. part. de la 3Ăšme Ă©dition des Nouveaux contes de jadis donnĂ©e par Paul Ollendorff Ă  Paris en 1893. D'une Dame d'Avignonlaquelle par son mari qui Ă©tait sourd fut tenue pour innocenteencore que coupable et plus tard pour coupable encore qu'innocente par Catulle MendĂšs ~~~~ Vers ce temps-lĂ , dans la ville d'Avignon on ne saurait choisir de lieu plus propice oĂč faire se dĂ©rouler les aventures d'un plaisant conte d'amour, vu que, en cette citĂ© plus qu'en aucune autre, les femmes sont enclines Ă  faire leurs maris cocus et les maris obstinĂ©s Ă  ne point l'ĂȘtre, ce qui engendre de fort nombreux et forts divertissants dĂ©bats, beaucoup de personnes s'Ă©tonnaient que la demoiselle Étiennette de Val-les-Lys, jeune comme les plus fraĂźches fleurs et jolie autant qu'on le peut ĂȘtre, se fĂ»t donnĂ©e en mariage au vieux sire de Roc-Huant, bossu, bancal, obĂšse, partout fluant en lourde graisse, laid en une parole comme les sept pĂ©chĂ©s capitaux - non point comme les sept, comme six seulement, car il y en a un, vous savez bien lequel, qui n'a rien de vilain. Et notez que le vieil homme, pour comble de disgrĂące, ne voyait que d'un oeil et n'entendait d'aucune oreille. Mais Étiennette ne paraissait point importunĂ©e d'un tel compagnon de lit ; elle folĂątrait du matin au soir, riait Ă  tout propos, n'avait pas plus de soucis qu'il ne fleurit de pĂąles fleurs d'automne Ă  un rosier de mai ; et lorsqu'on lui demandait la cause de cette belle humeur Eh! bonnes gens, rĂ©pliquait-elle, si je suis aise, c'est parce que mon mari est sourd ! » Naturellement on croyait que, parlant de la sorte, elle se voulait moquer. En quoi on se trompait grandement. C'Ă©tait bien Ă  la surditĂ© du vieux sire qu'elle devait ses plus douces joies. Eh! comment cela pouvait-il ĂȘtre? vous ne tarderez point Ă  le savoir. A vrai dire, dans tout le pays avignonais, oĂč cependant ne sont point rares les fĂ©minines bouches qui ne s'Ă©pouvantent point d'une lĂšvre amoureuse si proche qu'elle soit, vous n'auriez point rencontrĂ© de personne plus dispose qu'Étiennette de Val-les-Lys Ă  se laisser caresser par un amant bien fait ; elle ne pouvait voir un jeune homme de bonne mine, ou seigneur, ou manant, sans ressentir en tous les points de soi, mais en un point surtout, des mouvements qui ne lui conseillaient pas de fuir, bien au contraire ; et, Ă  ces naturelles impulsions, elle ne rĂ©sistait que si, par circonstance, il lui lui Ă©tait impossible d'y obĂ©ir ; de mari aussi frĂ©quemment trompĂ© que le sire de Roc-Huant, je ne pense pas qu'il en fut jamais. Mais, d'autre part, Étiennette portait un coeur si sincĂšre, que, pour rien au monde, elle n'eĂ»t consenti Ă  profĂ©rer un mensonge. InfidĂšle, oui ; dĂ©loyale, point du tout. MĂȘme dans l'honnĂȘte but de bafouer un jaloux il lui aurait Ă©tĂ© impossible de recourir Ă  ces ruses, Ă  ces sournoiseries dont les dames usent trĂšs volontiers; tout ce qu'elle avait fait, tout ce qu'elle voulait faire, tout ce qu'elle pensait mĂȘme, il fallait qu'elle le dĂźt, Ă  haute voix, sans restriction. Le moyen, si elle avait Ă©pousĂ© quelque homme Ă  l'ouie un peu fine, d'obĂ©ir Ă  la fois, comme elle y Ă©tait obligĂ©e, Ă  son tendre tempĂ©rament et Ă  son franc naturel ? Un mari sourd au point de dire lorsque l'orage tonne N'a-t-on point frappĂ© Ă  la porte ? » lui Ă©tait donc Ă©chu Ă  propos pour lui Ă©pargner d'Ă©tranges embarras. Et ils avaient souvent, la jeune dame et le vieux sire, des causeries telles, ou quasi telles - Bon vĂȘpre, m'ami », disait Étiennette au retour de la promenade. - Bon vĂȘpre Ă  vous aussi, m'amour, rĂ©pliquait le sire de Roc-Huant qui, comme l'ont accoutumĂ© la plupart des gens durs d'oreille, feignait volontiers d'entendre et se piquait de rĂ©pondre Ă  propos. - Il faut que je vous apprenne ce qui m'advint par la ville tandis que vous Ă©tiez au logis. - Eh! hĂ©! - Comme je passais devant la maison de ma tante Eudoxe de Puy-Vert, je vis, non loin de lĂ , Ă  une fenĂȘtre, un jeune homme si joli, si gracieux, que jamais encore je n'en avais vu d'aussi gracieux ni d'aussi joli. - Vous avez fort bien fait, reprenait le bon sourd, de rendre visite Ă  votre tante Eudoxe de Puy-Vert. - Sans doute je plus Ă  cet inconnu tout autant qu'il me plaisait ; car, aprĂšs quelques regards Ă©changĂ©s et sans une seule parole, il m'invita, d'un geste trĂšs galant, - c'Ă©tait une grande audace, mais je ne lui en sus point mauvais grĂ© ! - Ă  le venir joindre en sa chambre. Fallait-il lui laisser le temps d'un autre geste qui m'aurait pu diffamer dans l'opinion des passants ? je ne le crus pas, Ă©tant une personne soigneuse de son honnĂȘte renom ; et, dĂšs que je fus entrĂ©e, il ferma trĂšs vite la porte. - Puisqu'elle Ă©tait venue jusqu'Ă  notre porte, vous auriez dĂ» prier votre tante Ă  souper avec nous. C'est une excellente femme et que j'estime fort. - Pour ce qui est de vous dire ce qui advint dĂšs que l'huis fut clos, je pense que cela est superflu ! vous le devinez de reste ; comme aussi bien vous m'attendiez et que vous n'aimez point manger la soupe froide, il m'avait semblĂ© peu opportun de m'attarder en des rĂ©sistances dont j'use Ă  peine lorsque je suis de loisir. Ce jeune homme m'a paru aussi aimable qu'on le peut dĂ©sirer ! et, bien qu'il m'ait tenu peu de discours, je suis portĂ©e Ă  croire que c'est un Ă©tranger, car j'ai trouvĂ© en sa compagnie des amusements que ne m'avaient point fait connaĂźtre vos parents et vos amis, ni aucun des habitants de cette ville. - Ah ! si elle avait priĂ© elle-mĂȘme des parents et des amis, je conçois qu'elle n'ait pu souper avec nous ; ce sera pour une autre fois, et nous lui ferons bonne chĂšre. Que c'Ă©tait donc Ă  Étiennette une grande satisfaction, - aprĂšs de plus doux plaisirs, - de ne point mentir Ă  son mari ! Rien n'est plus aimable que d'avoir, avec le coeur content, la conscience tranquille. Certaine nuit, -c'Ă©tait vers la mi-juillet ; quand sont si chaudes les insomnies, - elle s'agitait fort entre les draps, et tout Ă  coup elle saisit aux deux Ă©paules le sire de Roc-Huant. - Quoi ? quoi ? qu'arrive-t-il, m'amour ? dit-il tout en Ă©moi. - HĂ©las! m'ami, je ne saurais dormir, tant j'ai l'esprit occupĂ© de ce nouveau valet que vous avez fait venir des champs. - Certainement, il n'est pas aisĂ© de dormir durant ces brĂ»lantes nuitĂ©es. - Fermant les yeux, je le vois, si jeune, si robuste, en son sarreau dont les manches relevĂ©es dĂ©couvrent ses bras nus, et rien n'Ă©gale le trouble oĂč me met la pensĂ©e qu'il est couchĂ©, lĂ , si prĂšs de moi, au fond du verger, dans le grenier oĂč l'on met les raisins et les figues Ă  sĂ©cher pour l'hiver. - Mon Dieu, m'amour, si vous l'avez pour agrĂ©able, je vous permets sans chagrin d'aller prendre le frais dans le verger, et, des fruits qui sont sur la paille du grenier, vous en pouvez user Ă  votre faim, pour vous rafraĂźchir le sang. Elle ne manqua point de mettre Ă  profit le bon vouloir de son mari ! et, quand elle revint dans la chambre conjugale - Eh ! ça, m'amour, dit-il, vous sentez-vous bien Ă  prĂ©sent ? - Ah ! mieux qu'aucune parole ne le saurait exprimer ! j'Ă©prouve un calme et une aise extraordinaires. Votre nouveau valet est un homme admirable, m'ami, et je pensais ĂȘtre au paradis, tandis qu'il me serrait contre sa poitrine qui sent le thym des lisiĂšres d'avril et l'herbe au temps des fenaisons. - Vous exagĂ©rez un peu, dit le sire en riant, notre verger est un joli jardin, mais ce n'est point un paradis. - Par trois fois, il m'a charmĂ©e d'une Ă©treinte si ardente, sur la paille du grenier, que j'ai cru rendre l'Ăąme, avec dĂ©lices, trois fois, et non, je vous le jure, sans valables raisons ! - Eh ! m'amour, si vous aviez grand'faim et grand'soif, trois grappes de raisin c'Ă©tait peu de chose ; il ne fallait vous faire faute de rien, puisqu'il n'y a rien dans la maison qui ne vous appartienne. De sorte que, grĂące Ă  la surditĂ© de son mari, la demoiselle du Val-les-Lys Ă©tait bien la plus fortunĂ©e amoureuse qui fut, vers ce temps-lĂ , dans Avignon, dans Apt ou dans Vaucluse. Mais qui donc sait se satisfaire des bonheurs qui sont faciles et prochains ? Étiennette eut la fantaisie de faire quelque voyage oĂč elle rencontrerait des amants jusqu'Ă  ce jour inconnus, et, un beau matin, elle dĂ©clara au sire de Roc-Huant qu'elle voulait aller en pĂšlerinage Ă  Notre-Dame-des-Alpines. Vous pensez bien, lui dit-elle, que ce n'est point pour prier dĂ©votement, au fond de la grotte que ferme une broussaille, la petite image en bois dorĂ©, ni pour rapporter quelque sainte relique ; mais par les routes je ne manquerai pas de lier amitiĂ© -avec d'aimables pĂšlerins qui me tiendront ; le jour, de tendres propos, et, la nuit, m'enchanteront par de tendres caresses. Le sourd ne put qu'approuver les pieux desseins de sa femme ; il loua surtout le penser qu'elle avait de rapporter de saintes reliques ; et, dĂšs le lendemain, elle partit. Mais elle eut grand tort de s'Ă©loigner ! DĂšs qu'elle fut hors de la maison, de mĂ©chantes gens rĂ©vĂ©lĂšrent au vieux sire, non par des discours qu'il n'eĂ»t pas entendus, mais en des paroles Ă©crites, les tours que lui avait jouĂ©s sa femme et mĂȘme l'adroit moyen, - plusieurs l'avaient surpris,- dont elle usait pour le bafouer de toute maniĂšre sans mentir en aucune façon. La colĂšre du mari, encore qu'il fĂ»t bonhomme, fut trĂšs grande, comme on pense ! Il choisit dans le verger et dĂ©cortiqua une forte branche de cornouiller dont, au retour de l'infidĂšle, il lui caresserait bellement les Ă©paules et l'Ă©chine. Or, pendant qu'il nourrissait ces mĂ©chants projets, que faisait Étiennette de Val-les-Lys ? Sans doute elle se divertissait, du regard et des lĂšvres, avec les jeunes voyageurs des chemins ? Point du tout. Un grand changement s'Ă©tait fait en elle. DĂšs un Ave Ăą la premiĂšre chapelle de la route, une lumiĂšre intĂ©rieure, par la grĂące de la bonne Vierge, lui avait permis de voir toute la vilenie de ses concupiscences. Elle comprit qu'elle avait eu grand tort de berner un homme de haut rang et de bon coeur, comme Ă©tait le sire de Roc-Huant ; elle eut horreur de ses fautes passĂ©es, jura que jamais elle ne retomberait dans le pĂ©chĂ© oĂč le Malin l'avait poussĂ©e. Si elle ne retourna point sur l'heure au logis conjugal, ce fut qu'elle voulait expier ses crimes par les fatigues et les jeunes d'un long pĂšlerinage ; et quand elle revint dans la ville d'Avignon, elle Ă©tait certes la plus honnĂȘte et la plus sincĂšre repentie qui eĂ»t jamais mĂ©ritĂ© l'absolution. M'ami, m'ami ! s'Ă©cria-t-elle en se jetant aux pieds de son mari, je ne suis plus celle que j'Ă©tais. Accueillez-moi ! pardonnez-moi ! Il y avait, parmi les pĂšlerins, de beaux jeunes hommes qui soupiraient en me regardant, qui m'auraient voulu prendre par la main pour me conduire dans l'obscuritĂ© du bois, qui m'eussent prouvĂ© leur tendresse, sans doute Ă  plusieurs reprises, sur la mousse des orĂ©es, aussi moelleuse que les meilleurs lits. Mais j'ai rĂ©sistĂ© Ă  leurs dĂ©sirs ! j'ai rachetĂ© mes antiques erreurs par le jeĂ»ne et la priĂšre ! si bien que, maintenant, digne de vous, aussi chaste que je fus impure... Il ne la laissa pas achever, et, levant la grosse branche dĂ©cortiquĂ©e - Ah ! je sais ce que tu vaux, fausse crĂ©ature ! ce que tu dis, je l'entends bien. Tu t'es laissĂ© prendre par la main, de jeunes pĂšlerins t'ont conduite dans les bois, et ils t'ont caressĂ©e sur la mousse, et sans avoir priĂ© ni jeĂ»nĂ©, tu reviens, indigne de moi, impure comme devant ! En mĂȘme temps, il la rouait de coups, du mieux que pouvaient ses vieilles mains peu vigoureuses. La pauvre Étiennette de Val-les-Lys, en mĂȘme temps que trĂšs marrie, se sentait au dernier point surprise. Quoi ! on la battait Ă  cause d'un si honnĂȘte discours, tandis que naguĂšre on ne la chĂątiait point de tant d'impudents propos ? Eh ! oui, prĂ©cisĂ©ment ; et ce qui lui semblait Ă©trange Ă©tait fort Ă©quitable au contraire ; car il convenait que, par un juste retour, la surditĂ© maritale qu'elle mit Ă  profit pour ne point rĂ©vĂ©ler ses pĂ©chĂ©s tout en les avouant, l'empĂȘchĂąt Ă  prĂ©sent de faire connaĂźtre, bien qu'elle la criĂąt, son inutile innocence. Au surplus, elle eut moins de mal que de peur, la branche de cornouiller, par la douceur de la bonne Vierge, qui eut pitiĂ© de sa pĂ©nitente, s'Ă©tant rompue avant d'avoir causĂ© de graves dommages aux belles Ă©paules d'Étiennette, si grasses et si blanches, oĂč transparaissait sous les coups, çà et lĂ , quelque rougeur, comme une Ă©glantine rose qui viendrait Ă  fleur de neige.

en ce temps lĂ  l amour avignon